Collaboration entre les Plateformes des Aidants et le DAC-PTA16

Les Plateformes des Aidants de la Charente accompagnent les personnes qui s’occupent d’un proche en perte d’autonomie au quotidien : les Proches Aidants.

Nos accompagnements sont individualisés et dans le respect des temporalités des aidants. Nous représentons souvent pour eux une boite à outils dans lesquels ils peuvent avoir accès à de nombreuses ressources, que ce soient celles portées par la dynamique qui soutient les aidants en Charente en termes d’actions mais aussi, évidemment les ressources disponibles et contribuant aux parcours de soins à domicile pour le proche qu’ils accompagnent et parfois pour eux-mêmes.

Les plateformes des aidants ne peuvent être parties prenantes du parcours de soin, afin de ne pas altérer la neutralité nécessaire à l’accompagnement des aidants dans leurs cheminements liés à la relation d’aide. Dans le cas où il y a besoin d’évaluation, de coordination de parcours ou de d’implication d’un dispositif complémentaire, les plateformes des aidants s’appuient sur les partenaires dont ce sont les missions. Il faut bien réaliser que la manière dont le proche aidant peut vivre la situation est directement lié à la santé de son proche et les accompagnements mis en place. Il y a la souffrance incompressible d’avoir, de voir, de soutenir une personne de son entourage face à une maladie, handicap, difficultés de vie et les stresseurs qui eux peuvent être atténués par un parcours de soins, cohérent avec les besoins, en qualité et quantité adaptés.

Le Dispositif d’Appui à la Coordination - Plateforme Territoriale d’appui de la Charente fait parti de nos partenaires fondamentaux. Les professionnels peuvent aussi bien répondre présents lors des actions de territoire qui ont l’ambition de soutenir les Charentais dans le domaine de la santé, prévention, information, orientations mais aussi accompagner individuellement les personnes dont le parcours de soin comprend des difficultés qu’elles soient de nature de la rupture ou d’un besoin de facilitation.

Les coopérations entre nos deux services sont quotidiennes, et vous trouverez ci-dessous une illustration de ce partenariat : La psychologue et l’assistante de soins en gérontologie de la plateforme des aidants entrent en contact avec Madame B. suite à son orientation par un dispositif de repérage des fragilités.

Madame B. est aidante de son conjoint depuis quelques années. Monsieur V présente des troubles cognitifs nécessitant un accompagnement global au quotidien : aides aux déplacements, confection des repas, aides aux soins d’hygiène, orientation, réassurance, courses, ménage, aide administrative, etc. Il est dans le refus de toute aide extérieure, et de tout parcours de soin. Il n’y a pas, selon eux, de médecin traitant depuis le départ à la retraite de leur médecin de famille et aucune démarche diagnostique n’a été entamée face aux besoins de soins grandissants. Seule la poursuite des soins par son kinésithérapeute est envisageable. Ce professionnel étant identifié comme acceptable car il est lié à l’identité de « sportif » de M. Mis à part cela, c’est Madame qui assume seule l’ensemble de la situation avec de plus en plus de difficultés, ce qui l’a amenée à partager ses inquiétudes avec les professionnels du dispositif de repérage des fragilités.

Lors de notre rencontre, Madame B. est en effet épuisée par son rôle d’aidante. Elle confie à l’équipe qu’elle dort mal la nuit, ses insomnies sont liées d’une part aux réveils répétés que les problèmes urinaires de son conjoint occasionnent, mais aussi à l’inquiétude de ne pas être à la hauteur de la situation. Cet état de fatigue induit une communication tendue dans le couple dont la dynamique relationnelle est cristallisée autour des besoins d’accompagnement de Monsieur.

L’état de santé de Monsieur V. prend beaucoup de place, c’est la préoccupation principale de Madame. Il est nécessaire pour accompagner Madame dans son rôle d’aidante que nous puissions reconnaître cette difficulté qu’elle rencontre à dépenser une énergie incommensurable pour le parcours de soin, étant donné qu’il n’y avait à ce moment-là aucun médecin traitant impliqué. Madame s’éparpillait dans les contacts avec différents spécialistes sans savoir comment organiser/prioriser le parcours de soin de son conjoint, majorant son sentiment d’impuissance et son auto dévalorisation.

Dans ce contexte, l’accompagnement par le DAC-PTA16 a été envisagé, tout d’abord pour accompagner la reprise du parcours de soin de Monsieur.

Nous avons dans ce contexte-là considéré évidemment le refus de soin de M. Comment soulager madame dans son accompagnement si le tiers est toujours et systématiquement refusé par Monsieur ? Alors avant d’orienter vers le DAC PTA, nous sommes passé par le kinésithérapeute afin de permettre une forme de « cooptation » et permettre/faciliter une ouverture vers le tiers et donner les meilleures chances d’introduction du coordinateur de parcours.

Le DAC-PTA16 a pu ensuite intervenir auprès de M. Le coordonnateur de parcours a entamé les démarches d’adaptation du domicile avec l’appui de l’ergothérapeute de Resanté-vous, il a réalisé une visite en binôme avec la coordinatrice gérontologique APA, du Conseil Départemental de la Charente. À la suite de cette intervention en binôme DAC-PTA/CD, la demande d’APA a été confiée à Madame B. afin qu’elle envisage de faire intervenir des aides à domicile auprès de son conjoint. Cette proposition d’aide est restée cependant difficile à aborder par Madame B, car demander de l’aide pouvait faire négativement écho à son sentiment d’insuffisance dans son rôle d’aidante et dans sa relation conjugale. Ce vécu spécifique à la relation d’aide à entraîner chez Madame de différer cette demande. Entendant cette difficulté à envisager des tiers auprès de Monsieur V., nous sommes intervenus par deux visites à domicile consécutives pour accompagner Madame dans ce cheminement et dans cette acceptation. Lors de notre appui pour réaliser le dossier APA, le niveau de soutien administratif nécessaire à commencer à préoccuper l’équipe sur les propres ressources cognitives de Madame.

Par la suite, le DAC-PTA16 a pu permettre la reprise d’un suivi médical pour Monsieur avec un rendez-vous avec un nouveau médecin traitant et la demande d’une mesure de protection juridique.

Dans la poursuite de notre accompagnement, lors des entretiens avec Madame, les plaintes mnésiques la concernant ont pu être verbalisées. Le fait que le DAC-PTA16 lui soit venue en relai pour permettre la mise en œuvre du suivi médical de Monsieur a permis de libérer la disponibilité psychique permettant à Madame de s’écouter et de se questionner quant à sa santé.

Après des concertation avec le coordinateur de parcours du DAC-PTA, qui à elle aussi trouvé un intérêt à la démarche, la plateforme des aidants est venu soutenir Madame dans l’acceptation d’un soutien pour elle-même. Nous avons ainsi réalisé une nouvelle demande d’accompagnement auprès du DAC-PTA, cette fois ci pour Madame B, lui permettant une reconnaissance symbolique de l’importance de sa propre santé. Grace à l’appui du coordonnateur de parcours du DAC-PTA, son suivi cardiologique notamment a pu reprendre, entre autres suivi qu’elle avait délaissé, et une consultation mémoire est planifiée prochainement.

La coopération s’opère au quotidien, par des contacts téléphoniques, des réunions de coordinations, des dossiers communs sur Paaco Globule et des temps de rencontres formels ou informels. Cette proximité dans la collaboration est la seule garante de la concordance et la cohérence des accompagnements, clés majeure de réassurance qui permet de formaliser la force du soutien et la co-responsabilité de la mosaïque des dispositifs impliqués dans l’accompagnement.

On peut voir par cette situation que le travail du DAC-PTA en cohésion et concordance avec la plateforme des aidants et d’autres partenaires composant le maillage territorial ont pu faciliter la relation d’aide avec son conjoint en étoffant son parcours de soin et, par le soutien et la reconnaissance de l’importance de la place de la propre santé de madame lui permettre d’être accompagnée dans ses éventuels difficultés cognitives ou somatiques.

A ce jour où les moyens des parcours de soins sont de plus en plus morcelés (pénuries de médecins traitants, de spécialistes, de professionnels de l’accompagnements, aide à domicile, aides-soignants, infirmiers, kinés, orthophonistes, etc.), il est crucial de bénéficier de l’appui des DAC-PTA pour limiter les impacts sur les populations qui sont malgré tout extrêmement exposés et éprouvés par les carences présentes.

Plateformes des aidants en Charente : 05 45 21 31 31 

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